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Au début des années 70 en France, il n’était pas rare que les bricoleurs jettent leurs huiles de vidange dans la rivière ou la mer et que les promeneurs abandonnent leurs déchets au beau milieu de la forêt... A la même époque, en me glissant silencieusement à plus d’heure de ma chambre à la porte entrebâillée du salon, je regardais à la télévision, littéralement dans le dos de mes parents, le ciné-club du vendredi soir. Mes parents n’ont jamais compris pourquoi, les samedis matins, j’avais tant de peine à me lever pour aller à l’école, moi qui y filais si gaiement le reste de la semaine ! Claude-Jean Philippe, l’homme du ciné-club, est mort il y a peu, sans doute sommes-nous nombreux (garçons et filles – et je souligne filles, car ce n’était pas si évident) d’avoir grâce à son émission un jour rêvé, puis choisi, de faire du cinéma...
Je suis donc scénariste et c’est un métier pour lequel je me lève gaiement.
Autour de moi, le monde a changé : on s’inquiète un peu plus de la nature et des sacs plastique jetés n’importe où. Un peu plus, pas encore assez – sans parler des pollutions industrielles, qui demeurent faute au profit. Dans la fiction, qui est mon domaine, on peut tout imaginer : anéantir des villes, exterminer d’invraisemblables dinosaures, assécher les océans... Dans la réalité, nous n’aurons jamais le pouvoir de recréer tout ce que nous aurons détruit. Chaque année, la pollution, la surconsommation, la déforestation, le braconnage, le réchauffement climatique, font disparaître partout dans le monde des lieux et des espèces ; ils jettent aussi sur les routes de l’exil des millions d’êtres humains.
Enfant, le cinéma était un rêve et je pensais devenir archéologue, partir à la recherche de mondes ensevelis, disparus. Ces mondes-là, je préfère qu’ils restent « du cinéma ». Et que dans la réalité, avec nos bonnes volontés et aussi nos choix politiques, nous parvenions à protéger tout ce qui doit l’être et à réparer ce qui a été abîmé.
Je sais que Nadine Otsobogo porte à bout de bras ce festival de Masuku qui unit deux causes qui nous sont chères, le cinéma et l’homme dans son environnement. De loin, de la Russie, de la Chine ou des Etats-Unis, ça peut passer pour un petit festival dans un petit pays... Mais il faut toujours se méfier des cailloux dans les chaussures – ils ont déjà fait perdre des batailles et tomber des rois ! |